Bamako --> Gao : Un voyage epique!!
Voici
venu le jour légèrement redoute... et de raison!
1200 km à parcourir et niveau logistique, les bus au Mali : peut mieux faire!
Départ du bus prévu à 11h. A la gare, pendant que des mecs montent nos sacs sur
le toit, en même temps que sacs de riz, charbon, chèvres et enclos à poules,
d'autres changent les pneus... Et en attendant, on veut nous vendre un tas de
trucs (a la Oliveira dans Tintin!) : tongs, éventails, montres, pains, maillots
de foot etc...
Midi c'est le départ. On s'installe dans le bus qui sur le coup nous fait plus
penser a un four qui se remplit continuellement Il y a des gens partout dans l'allée,
assis sur des bidons, de l'eau rouillée qui tombe du toit (sur la tête de
Souk!), des sièges éponges de poussière et de sable rouge, le tout sur un fond
de musique au volume ultra puissant! C'est parti pour un trajet de 15h
(du moins de ce qui était prévu!) A ce moment la, on ne sait pas dans quoi on
s'embarque...
De ma fenêtre, je regarde passer le paysage. Au début, je kiffe. C'est si différent,
tellement pauvre en fait... Sur le chemin emprunte par le bus, des gens errent
le long de la route devant des stands de mangues, de pain, fabriques avec de
vieilles planches ou une simple couverture a même le sol. Les femmes portent
leurs enfants dans leur dos et un sceau ou un plateau sur la tête.
Les enfants errent aussi beaucoup. Je suis surprise par le nombre d'enfants,
les 3 quarts des gens ont moins de 15 ans.
10h plus tard, pour la deuxième fois, on peut enfin sortir dehors et se dégourdir
les jambes toutes endoloris par le trajet. On n'en peut plus. Il fait une
chaleur à crever.
Plus le temps passe, plus on entre dans le désert, plus la vie se fait rare,
plus les trous sur la route se font gros et plus je désespère en voyant sur la
carte le peu de route parcourue...
Minuit : Nous voila à Mopti. (À peine la moitie du chemin). STOP, tout le monde
descend. Que se passe-t-il? On ne sait pas On sait juste qu'ils
descendent nos sacs du toit, et seulement les notres! Seule info dispo : on
doit changer de bus. Quand? Pourquoi? Comment? On ne sait pas! Alors on reste
la et on regarde notre bus repartir dans l'autre sens.. On apprendra plus tard
que nous étions les seuls à aller jusqu'a Gao, ce qui faisait faire un détour
au chauffeur. Du coup, il a préféré nous laisser ici en espérant que le
prochain chauffeur voudra bien nous déposer!
1h30 plus tard, toujours sur le même parking, un bus arrive. On se renseigne,
ok on monte. Egal au précédent niveau confort sauf qu'on a perdu les appuie têtes
et que cette fois, les sacs de riz et cages a poules nous sur les sièges et
dans l'allée! Apres 5 minutes de route, de nouveau on s'arrête. Contrôle
de police, ca durera 45 minutes!
8h30, après une nuit très moyenne, (mais 5h de route d'affilée! un record...)
nouvel arrêt. On a presque pas dormi, quelques minutes par ci, quelques minutes
par la entre deux trous dans la chaussée, entre deux crampes!
Donc on s'arrête tout le monde descend. Nous sommes à Boni, un tout petit
village (même pas présent sur la carte), bien enclave dans le désert. La
pause s'allonge pendant deus heures (vous l'aurez compris, les maliens ne sont
pas presses!)
Mais la, c'est le drame... Ils descendent nos sacs! Un petit gout de déjà vu!
On change de bus c'est ca???? Et ouiiiiii! Sauf qu'a Boni, il n'y a pas 36 bus
par jour! On regarde notre bus repartir à nouveau en nous laissant la, sur le
bord de la route en plein désert dans un cagnard impossible. Il est 10h15
lorsqu'on commence à attendre le fameux bus. Quand arrivera-t-il?? Bonne
question!
De toute façon on a pas le choix!
Heureusement,
il y a quelques petites habitations sur le bord de la route ou vivent quelques
touaregs qui nous accueillent gentiment. Les heures passent... pas de bus. Il
est 13h on commence à avoir sérieusement faim vu qu'on a pu remplir notre
estomac de seulement un peu de pain et d'eau depuis 24h. Nos hôtes fortuits
nous servent une assiette de riz au gras moyennant 300CFA (env. 0.45euros). A
l'heure où j'écris ces lignes, je suis toujours dans la cabane. Il est 14h30 et
je n'ai jamais eu aussi chaud de ma vie!
45 degrés à l'ombre, personne ne peut bouger. Ni nous, ni les touaregs. L'air
dehors nous brule le visage, on se liquéfie totalement sur place. Je rêve
d'eau, je rêve de piscine, de mer, d'une douche.
Ca fait 27h qu'on est partis de Bamako et je ne sais pas quand on verra enfin le bus tant attendu. Je commence à me demander s'il existe même ce fameux bus... J'hésite entre en rire ou en pleurer! Mais l'étrangeté de la situation nous rend tous complètement incrédules! On est en plein désert dans un minuscule village, assommes par la chaleur, accueillis par des touaregs, ces hommes vraiment impressionnants aux turbans bleus et noirs...
Même jour, il est 18h. A cette heure, la vie commence doucement à reprendre. Les
gens sortent car la chaleur devient un peu plus supportable. Il y a pleins
d'enfants On se demande d'ou ils sortent! On se balade autour d'eux et on
attire la curiosité de tous!
21h
Yes!!!!!! On voit des phares! Il était finalement pas imaginaire ce bus! On
part en courant trouver dix places. C'était bien ambitieux! Le bus est littéralement
BLINDE! Je n'ai jamais vu ca de toute ma vie! Sur les banquettes deux places,
on y trouve minimum 3 personnes, voire 5 sur certaines. Dans le couloir, tout
le monde est debout et c'est du corps a corps (imaginez le RER A a 18h un jour
de grève... c'est pareil! mais dans un bus et pendant des heures!) Il fait au
moins 50 degrés dans le bus. Au bout de 2 minutes, je commence à me sentir
vraiment mal...j'ai la tete qui tourne, les jambes qui flageolent, je dégouline
de sueur... et je garde en tete qu'il y a au moins 6h de trajet! Heureusement,
le bus ouvre ses portes et l'air vient nous rafraichir le visage et nous rendre
le sourire.
On se dit "plus que 6h et on est arrives, ca nous motive. Apres 35 heures,
on est plus du tout a ca prés!
Sauf qu'encore une fois, c'était bien optimiste de notre part!! A 3h du matin,
heure a laquelle on espérait arriver, le bus s'arrête. On coupe le moteur. Tout
le monde descend... Non!!! Pas encore!!!! Les gens parlent tres fort en songhaï,
semblent énervés, et de nouveau on ne comprend absolument rien a ce qu'il se
passe! Je sors a mon tour et la, je vois le panneau GAO en face. Youpi! On est
arrives! Mais non.... Barriere de police a l'entrée de la ville qui n'autorise
personne à rentrer dans la ville la nuit (pour éviter une invasion des rebelles
touaregs). Il faut donc passer la nuit ici! On est à quelques mètres de l'arrivée.
La bonne blague...
A 6h30, après une "nuit" que l'on ne peut pas vraiment qualifier
comme telle, le bus redémarre pour nous déposer 10 minutes plus tard à la
station. Incroyable, nous y sommes! On peine a y croire, on cherche la
feinte... (on doit changer de bus? on a crevé un pneu? On est pas à Gao?)
Mais SI!! Ca y est.
Boubacar, notre correspondant, le directeur de l'école de Magnadaoue nous
attend et voit descendre de la 10 blancs crevés, complètement sonnes, désespérés!
Résumé : 46h de voyage, 3 changements de bus, je ne sais combien d'heures
d'attente.. --> Un voyage pleins de rebondissements et assez désespérant sur
le coup mais finalement un souvenir assez drôle avec du recul (beaucoup de
recul!)